Le Super Tuesday

Le Super Tuesday est un incontournable des primaires aux Etats-Unis. Lors de cette grande journée électorale, 1357 délégués ont été désignés pour la Convention Nationale qui consacrera le candidat démocrate face à D. Trump.

Les candidats en lice étaient encore nombreux la semaine précédent ce vote crucial. Se trouvaient du coté modéré J. Biden, ancien vice-Président sous B. Obama, la sénatrice du Minnesota A. Klobuchar, le maire de South Bend, P. Buttigieg, le philanthrope T. Steyer, ainsi que la candidate représentante d’Hawaï T. Gabbard (dont les résultats sont négligeables). À ce panel de candidats s’ajoute l’ancien maire de New-York, le multimilliardaire M. Bloomberg. L’ensemble de ces candidats soutient une inflexion relative des politiques états-uniennes, dans la continuité de celles menées par B. Obama.

Le principal argument de ces candidats ? La nécessité de défaire D. Trump lors des élections générales de novembre.

De l’autre coté de la fracture idéologique prégnante au sein du parti démocrate se trouvent les radicaux E. Warren, sénatrice du Massachusetts et B. Sanders, sénateur du Vermont et déjà candidat aux primaires de 2016 face à H. Clinton. Ces derniers promeuvent une transformation radicale de la politique américaine en usant des prérogatives de l’État pour surseoir aux droits élémentaires de la population comme l’accès à la santé et à l’éducation, mais aussi la dépénalisation du cannabis, l’effacement de la dette étudiante … Leurs détracteurs leur reprochent de ne pas avoir de financement fiable pour mener ces politiques.  

Contexte : des ralliements inattendus de dernière minute

Le contexte précédent le Super Tuesday est plutôt favorable à B. Sanders qui remporte le New Hampshire et le Nevada autant en nombre de voix qu’en nombre délégués, malgré l’énorme cafouillage lors de l’obtention des résultats du Caucus de l’Iowa, première étape des primaires. Il est par ailleurs au coude-à-coude avec P. Buttigieg dans l’Iowa mais largement distancé par J. Biden en Caroline du Sud, dernière étape avant le Super Tuesday.

Les premiers résultats permettent de scinder l’électorat selon leurs caractéristiques sociologiques et leur vote vers un candidat modéré ou un candidat radical. Les jeunes, les latino-américains ainsi que les indépendants votent en majorité pour B. Sanders tandis que les démocrates plus âgés, plus riches, ainsi que les électeurs africain-américains votent en plus grande majorité pour les modérés.

C’est à l’issue de la primaire de Caroline du Sud que Tom Steyer abandonne la course, le 29 février, après des scores décevants. P. Buttigieg et A. Klobuchar qui ne parviennent pas à s’imposer en Caroline du Sud, État avec une forte population africaine-américaine et déterminant pour les élections générales, abandonnent leur campagne respective. A. Klobuchar rallie immédiatement J. Biden tandis que P. Buttigieg prendra cette décision quelques jours après.

Résultats : Joe Biden – le champion de la gauche centriste

La campagne s’éclaircit alors avec J. Biden, T, Gabbard et M. Bloomberg d’un coté et B. Sanders ainsi que E. Warren de l’autre.

Dans la continuité de sa victoire en Caroline du Sud, J. Biden l’emporte dans les États du Sud comme l’Alabama, l’Arkansas, l’Oklahoma et le Tennessee mais aussi dans d’autres États où la population est plus aisée comme la Virginie. Le ralliement de la sénatrice du Minnesota lui permet de prendre l’État du Nord du pays.

La surprise provient de deux États : le Massachussetts, d’où est élue la sénatrice E. Warren qui est sèchement battue et arrive derrière J. Biden et B. Sanders malgré un électorat favorable aux radicaux. Les supporters de B. Sanders ne manqueront alors pas d’appeler au retrait de la sénatrice et de critiquer les conséquences du maintien de sa candidature. Un grand État, pourvoyeur de 228 délégués sur les 3 979 sur l’ensemble des primaires, est remporté de justesse par J. Biden, bien que B. Sanders était donné gagnant.

Ce dernier remporte tout de même la Californie, plus grand pourvoyeur de délégués, ainsi que le Colorado, l’Utah et le Vermont, lui permettant de rester largement en course, avec 80 délégués de retard sur son concurrent J. Biden.

La fracture idéologique du parti et la décomposition du vote selon les caractéristiques sociologiques de la population se confirme à l’issue du Super Tuesday, annonçant une campagne haletante et longue pour les deux septuagénaires. L’objectif est de s’opposer en permettant tout de même un rassemblement ultérieur face à D. Trump.

Quels enseignements tirer ?

Dans l’optique des élections municipales en France, un enseignement majeur est à tirer : la dynamique l’emporte sur l’arithmétique.

Bien que très présent sur le terrain, donné gagnant dans plusieurs États, une adhésion de l’électorat démocrate aux idées défendues, le sénateur B. Sanders s’est fait reprendre par le candidat J. Biden, qui enchaine les approximations et erreurs de communication comme de fond. Son passé ne joue pas en sa faveur puisqu’il a voté pour la guerre en Irak, contre le mariage gay et a entretenu une politique ségrégationniste. Son comportement envers les femmes est également pointé du doigt. À tout cela s’ajoute le fait que J. Biden n’a pas fait campagne dans tous les États remportés.

Et pourtant, il est parvenu à écrire l’histoire de sa campagne, celle d’un perdant qui revient en force. Il est par ailleurs largement perçu comme le candidat le plus rassembleur, capable de prendre des voix aux Républicains modérés (la même analyse était faite avec H. Clinton).

Cette dynamique de campagne se retrouve en partie lors des élections municipales lors de l’entre deux tours. Avec une seule semaine de battement, une dynamique est difficile à inverser même avec une campagne très bien organisée. Il est donc primordial d’éviter au maximum une dispersion des listes afin d’arriver en tête lors du premier tour et de s’imposer lors du second.

Aller au contenu principal